Jeudi 30 mars 2006 66- Jean Beaujean dans l'action
André DEBARD est né dans le quartier latin, mais parmi ses mille et un rêves, il a vécu celui du judo dans un monde judo bercé par le mythe japonais.
Partir au Japon ! C’était effectivement le rêve de tous les judokas. Et certains n’ont pas hésité à « faire le pas » ! Un pas de 30 000 km.
A ma connaissance, André n’est pas parti là-bas mais les articles collectés par lui et trouvés dans une de ses valises dans un grenier de sa maison, nous montrent combien ce rêve faisait parti de sa pensée. Les nombreux Maîtres qu'il a accueilli chez lui à La Rochelle (Kawaishi, Awazu, Ishiro Abé, Sato, Hayashi...) en ont été également le témoignage.
Et ce pas qu'il n'a pas fait, un journaliste, Jacque GUYON, nous en entretient sur un des articles trouvés dans "la valise d'André"..
Il nous parle de celui de Jean BEAUJEAN, un « aîné, un collègue et ami d’André ».
"En mai 1949, Jean n’a plus rien à apprendre en France. Jean veut connaître davantage et pense qu’il faut aller chercher les secrets du jiu-jitsu à sa source et il décide de partir pour le Japon.
Il avait découvert, quelques années plus tôt, les secrets de la « self défense ». Conquis par le Judo, il devint rapidement ceinture verte, puis bleue, marron, puis ceinture noire 1° dan, et 2° dan…
En 1943, il était finaliste du Championnat de France, et dès lors, Jean Beaujean devint une vedette du jiu-jitsu français. Il cumulait alors toutes les fonctions au sein de la Fédération : Directeur Technique du Collège de ceintures noires, conceiller à la propagande, Vice président de la Fédération, Professeur fédéral…"
Et en 1949, il part au Japon. Là-bas, il est stupéfait de ce qu’il apprend. Dans un de ses courriers, voici ce qu’il nous dit :
« Depuis que je suis arrivé ici, je suis étonné des maigres éléments que nous possédons en France sur cet art qu’est le Jiu-jitsu. Il faut être ici et côtoyer les maîtres japonais pour s’en faire une idée exacte. J’ai rencontré, en privé des judokas 2° dan, tout comme moi, et je dois avouer que jamais je n’ai pu les vaincre. Maintenant je commence à m’adapter, mes réflexes sont plus rapides et mon agilité est plus grande ». Puis plus loin : « Encore quelques mois, et je sens que je pourrai rentrer en France parfaitement au point et faire connaître à de plus jeunes que moi les mille et un secrets de ce sport complet et… si utile. »
Car jean Beaujean n’a pas fait seulement ce voyage par plaisir ni même pour satisfaire une curiosité toute personnelle. Il tient, à son retour, à poursuivre son apostolat et à conduire vers le titre national, voir européen, d’autres jeunes judokas… Quant à lui, dans la coulisse, il continuera son entraînement et peut-être même tentera-t’il d’arracher le titre qu’il laissa en 1943 à Jean de Herdt."
Et puis en 1950 c’est le retour et un autre article sur une coupure de journal dans la grande valise en carton d’André Debard, annonce : « Le judoka Jean Beaujean revient du Japon » - Il y est écrit :
« Le prochain retour du Japon de M. Jean Beaujean est attendu comme un évènement par les judokas français. Actuellement, le « pape » du Judo en Occident est le professeur Kawaishi, qui, depuis 1936, a tout fait pour développer en France la pratique de ce sport.
Après la libération, il séjourna pendant quelque temps à l’étranger et confia ses intérêts à son meilleur élève, M. Beaujean. A son retour les deux hommes se brouillèrent.
Vendant alors tout ce qu’il possédait, M. Beaujean décida d’aller passer trois ans au Japon pour s’initier aux derniers perfectionnements des meilleurs judokas du monde. Il eut là-bas la preuve que le judo véritable, est quelque peu différent de celui qu’on enseigne dans les salles parisiennes : il découvrit aussi une échelle des valeurs différente de la nôtre, puisque le pays du Soleil Levant compte deux cent mille « ceintures noires », pour deux cents seulement en France, et des milliers de détendeurs du 7° dan (grade du Professeur Kawaishi). Il étudia les plus anciennes techniques japonaises, la langue japonaise, et rencontra chaque jour les plus célèbres judokas, tels Nagaoka, le plus anciens pratiquants, puisqu’il a 68 ans, et les champions Ishikawa, Kimura, Yoshimatsu. Il s’imposa un entraînement rigoureux, se mettant, par exemple à l’école d’Oda (9° dan), le meilleur spécialiste du combat au sol. Enfin Beaujean est le seul Français admis au Kodokan de Tokyo, sorte d’institut supérieur de Judo.
Aujourd’hui, enrichi de toutes ses connaissances nouvelles, il annonce son retour en France, en qualité de délégué du Kodokan, et il ramène avec lui une collection de films qui permettront de mieux comprendre la technique des grands maîtres nippons. »
A suivre...
JMO.
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